Les nouveautés !


Eté 2017

La rentrée littéraire - septembre 2015

SECOND SEMESTRE 2014


LA RENTREE LITTERAIRE

CHARLOTTE, David Foenkinos, Gallimard, 2014

Charlotte Salomon (1917–1943), Auto Portrait
Charlotte Salomon (1917–1943), Auto Portrait

"Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe.

 

Elle n'est donc pas la première Charlotte.

Il y eut d'abord sa tante, la soeur de sa mère.

Les deux soeurs sont très unies, jusqu'à un soir de novembre 1913.

Franziska et Charlotte chantent ensemble, dansent, rient aussi.

Ce n'est jamais extravagant.

Il y a une pudeur dans leur exercice du bonheur.

C'est peut-être lié à la personnalité de leur père.

Un intellectuel rigide, amateur d'art et d'antiquités.

A ses yeux, rien n'a davantage d'intérêt qu'une poussière romaine.

Leur mère est plus douce.

Mais d'une douceur qui confine à la tristesse.

Sa vie a été une succession de drames.

Il sera bien utile de les énoncer plus tard."

DEBOUT-PAYE, Gauz, Le nouvel Attila, 2014

 

Gauz
Gauz

"QUAND S'ARRETE LA MUSIQUE. 19h30 , quand s'arrête la musique...

Le bruit métallique des cintres qui coulissent sur les barres de penderie : les filles rangent. Les derniers clients dérangent. Avec des phrases polies mais fermes, le vigile doit les diriger vers les caisses tout en veillant à ce que ne rentre plus aucun nouveau client. C'est le grand écart final. A l'intérieur, il y a toujours quelqu'un qui jure sur ce qu'il a de plus cher qu'il n'en a plus que pour deux minutes. A la porte, il y a toujours quelqu'un qui jure sur ce qu'il a de plus cher qu'il n'en aura que pour deux minutes. Le vigile est toujours regardé avec mépris quand il ne cède pas à ces suppliques des deux dernières minutes. On accepte toujours très mal de se faire rabrouer par ceux qu'on ne voit pas d ela journée. Tout est en soldes, y compris l'amour-propre."

MALI, Ô MALI, Erik Orsenna, Stock, 2014

Orchestre Rail-Band de Bamako
Orchestre Rail-Band de Bamako

"-J'ai retrouvé une photo du Rail-Band.

- Tu l'apporteras un jour ?

- Trop beau cliché. Ils sont neuf, posant fièrement devant le mufle noir et jaune d'une locomotive BB 1163. Ils portent tous des pantalons bleus sauf un qui a préféré un pantalon noir, huit on des chemises colorées jaunes. Tidiani, le chef, lui, a une chemise bleue. Ils se tiennent la main. Salif baisse la tête, comme pour se cacher.

- Tu te rappelles le titre de la chanson de Salif, celle qui durait presque une heure ?

- J'ai encore les paroles en tête : "Femmes et hommes courageux..."

- "Donnons-nous la main..."

- "Et faisons ensemble ..."

- "Progresser le pays ! "

Les vieux se sont levés, l'un après l'autre. Soulagé, je me suis dit qu'ils allaient rentrer. On avait largement dépassé minuit. Mais non, les six ancêtres s'étaient mis à danser. A petits pas prudents, tout à fait raides, comme dansent les anciens. "

GUEULE DE BOIS, Olivier Maulin, Denoël, 2014

"Choisir, encore choisir. On finira dingos. On a tous pris du schnaps sur recommandation de Bassefosse. Ollier a rajouté un peu de cognac dans son verre, et du whisky, un doigt de porto, une goutte de vodka. Il était tout content de son cocktail. A la première gorgée, il a manqué s'évanouir. On a trinqué. Le schnaps, c'était du costaud en effet, du hors normes européennes, production fermière version haute montagne. Il fallait porter la culotte de peau  depuis vingt générations pour supporter ça. Chaque gorgée faisait retentir une sorte de gong dans la cervelle, et emportait cent mille neurones avec elle. Vider une bouteille vous transformait probablement en courgette. Mais Bassefosse avait l'air de trouver ça désaltérant ! Il avalait de grandes lampées sans lâcher la bouteille et se resservait  coup sur coup. Il parlait de ses livres, d'Eschyle, de la tragédie grecque, érudition toujours !  Il citait ; "Hélas, hélas, quel revers ! Ah ! Souffances ! Ah ! Misères ! Larmes, coulez. Eclatez, sanglots." Soudain, il s'est immobilisé. Il avait le visage déformé, rouge, les yeux exorbités. Il s'est levé subitement, comme atteint par la chiasse. Il a quitté la pièce sans rien dire. Ollier était vautré sur le sofa, à moitié assommé. Il balbutiait, il ricanait bêtement. Les pâtés, toujours les pâtés. Il était en pleine inspiration. J'étais inquiet pour Bassefosse. Un hôte si généreux. Je n'hésite pas à le dire : un gentleman ! Sa goutte autrichienne lui avait probablement perforé les tripes. Il y avait un grand silence, à peine troublé par une alarme au loin. Dix minutes plus tard, la porte s'est rouverte brutalement, Bassefosse est entré d'un pas martial dans le salon. Le choc ! J'ai hurlé ! Ollier a sursauté, il a tourné la tête, il a hurlé lui aussi avant de tomber du canapé !"  ..............

L'AMOUR ET LES FORETS, Eric Reinhardt, Gallimard, 2014

Renoir, Portrait de l'actrice Jeanne Samary, 1877
Renoir, Portrait de l'actrice Jeanne Samary, 1877

"Pour aller au lycée, Bénédicte Ombredanne empruntait un rond-point où une sculpture abstraite avait été installée récemment, anguleuse et hurlante. Depuis qu'elle l'avait remarquée, elle l'examinait avec attention en se demandant ce qu'elle pouvait bien figurer, avant de l'oublier jusqu"à la fois suivante, le soir ou le lendemain matin. Un jour, dans un éclair, elle crut comprendre ce qu'elle représentait, crampe et migraine d'acier, cette repoussante présence urbaine : elle était son portrait anticipé. C'est ce dont elle eut la terrassante confirmation quelques jours plus tard, après une nouvelle nuit d'insomnie, quand elle se vit en personne au milieu du rond-point, vivante mais absorbée par la sculpture, inscrite dans son acier, prisonnière de son oxydation. C'était elle, là, oui, hideuse ! Elle en fut saisie d'effroi et détachant ses yeux de cette vision d'horreur, poussant des hurlements de refus, elle bifurqua pour sortir du rond-point et emprunter la route qui devait la conduire au lycée - et une boiture l'emboutit violemment, détruisant la portière droite de sa petite Peugeot, projetant sur son visage des éclats de verre. Cet accident sans gravité lui fit très peur, en particulier au moment du sursaut que fit sur l'asphalte la carcasse de sa petite automobile, qui lui sembla rebondir sur le sol comme une vieille balle de hand toute dégonflée, secouant son corps agrippé au volant. Quelque chose bougea dans son mental, un déclic se produisit dont elle n'eut pas conscience immédiatement, ni dans les heures qui suivirent.

Elle pleura pendant de longues minutes, immobile, les mains crispées sur le volant, le front posé sur le plastique, sourde aux questions qu'on lui posait par la portière ouverte.

Quatre jours plus tard, dans la nuit du 6 au 7 mai, réveillée une nouvelle fois par son mari à trois heures du matin, elle craqua. Là le déclic se produisit pour de bon : d ela violence de la collision surgissait à présent, et avec une puissance qui la dispensa de s'interroger sur l'opportunité de s'y plier, le soulèvement impératif de sa parole et de son corps - elle se précipita hors du lit et jeta au visage de Jean-François tout ce qui lui tombait sous la main, sans se rendre compte de sa métamorphose tant elle était éblouie de haine."

PETRONILLE, Amélie Nothomb, Albin Michel, 2014

Amélie Nothomb
Amélie Nothomb

"J'étais une romancière de trente ans qui débarquait à Paris. Les libraires m'invitaient à dédicacer chez eux , je ne refusais jamais. Les gens affluaient pour me voir, je les accueillais avec le sourire. "Elle est gentille", disait-on.

En vérité, je pratiquais une chasse passive. Proie des curieux, je les regardais tous en me demandant ce que chacun vaudrait comme compagnon de beuverie. Prédation combien hasardeuse, car enfin, à quel signe détecte-t-on un tel individu ?

Déjà, le mot "compagnon" n'allait pas, qui a pour étymologie le partage du pain. Il me fallait un convignon ou une convigne. Certains libraires avaient l'heureuse initiative de me servir du vin, parfois même du champagne, ce qui me permettait de jauger dans l'oeil des gens l'étincelle du désir. J'aimais que l'on ait pour mon verre un regard de convoitise, pourvu qu'il ne fût pas trop appuyé.

L'exercice de la dédicace repose sur une ambiguïté fondamentale : personne ne sait ce que l'autre veut. Combien de journalistes m'ont-ils posé cette question : "Qu'attendez-vous de ce genre de rencontres ?" A mon sens, l'interrogation est encore plus pertinente pour la partie adverse. A part les rares fétichistes pour qui la signature de l'auteur compte réellement, que  viennent chercher les amateurs d'autographes ? Pour ma part, j'éprouve une curiosité profonde envers ceux  qui viennent me voir.  J'essaie de savoir qui ils sont et ce qu'ils veulent. Ce point n'aura jamais fini de me fasciner.

Aujourd'hui, la question est un peu moins mystérieuse. Je ne suis pas la seule à avoir observé que les plus jolies filles de Paris font la queue devant moi, et je remarque avec amusement que beaucoup de gens fréquentent mes dédicaces pour draguer ces beautés. Les circonstances sont idéales, car je dédicace à une lenteur accablante, les séducteurs ont donc tout leur temps."

LE RAVISSEMENT DES INNOCENTS, Taiye Selasi, Gallimard, 2014


POUR LES ENFANTS !

LES POLARS


PREMIER SEMESTRE 2014


"Tout ce que l'on aime devient une fiction. La première des miennes fut le Japon. À l'âge de cinq ans, quand on m'en arracha, je commençai à me le raconter. Très vite, les lacunes de mon récit me gênèrent. Que pouvais-je dire du pays que j'avais cru connaître et qui, au fil des années, s'éloignait de mon corps et de ma tête ?

À aucun moment je n'ai décidé d'inventer. Cela s'est fait de soi-même. Il ne s'est jamais agi de glisser le faux dans le vrai, ni d'habiller le vrai des parures du faux. Ce que l'on a vécu laisse dans la poitrine une musique : c'est elle qu'on s'efforce d'entendre à travers le récit. Il s'agit d'écrire ce son avec les moyens du langage. Cela suppose des coupes et des approximations. On élague pour mettre à nu le trouble qui nous a gagnés."


"Le premier mot que prononça l'Indien Ajatashatru Lavash Patel en arrivant en France fut un mot suédois. Un comble ! Ikea. Voilà ce qu'il prononça à mi-voix. Cela dit, il referma la porte de la vieille Mercedes rouge et patienta, les mains posées comme un enfant sage sur ses genoux soyeux. Le conducteur de taxi, qui n'était pas sûr d'avoir bien entendu, se retourna vers son client, ce qui eut pour effet de faire craquer les petites billes en bois de son couvre-siège. Il vit sur la banquette arrière de son véhicule un homme d'âge moyen, grand, sec et noueux comme un arbre, le visage mat et barré d'une gigantesque moustache. De petits trous, séquelles d'une acné virulente, parsemaient ses joues creuses. Il avait plusieurs anneaux dans les oreilles et sur les lèvres, comme s'il avait voulu refermer tout cela après usage à la manière d'une fermeture Éclair. Oh, le joli système ! pensa Gustave Palourde, qui vit là un fantastique remède contre les papotages incessants de sa femme. Le costume en soie grise et brillante de l'homme, sa cravate rouge, qu'il n'avait pas pris la peine de nouer mais d'épingler, et sa chemise blanche, le tout horriblement froissé, témoignaient de nombreuses heures d'avion. Mais étrangement, il n'avait pas de bagage. Soit il est hindou, soit il a un sacré traumatisme crânien, pensa le chauffeur en voyant le gros turban blanc qui entourait la tête de son client. Mais son visage mat et barré d'une gigantesque moustache le faisait plutôt pencher pour un hindou. - Ikea ? - Ikea, répéta l'Indien en laissant traîner la dernière voyelle. - Lequel ? Heu... What Ikea ? bafouilla Gustave qui se sentait aussi à l'aise en anglais qu'un chien sur une patinoire. Son passager haussa les épaules comme pour dire qu'il s'en fichait. Djeustikea, répéta-t-il, dontmatazeoanezatbetasiutyayazeparijan. C'est à peu près ce qu'entendit le conducteur, une suite confuse de gazouillis palataux incompréhensibles. Mais gazouillis palataux ou pas, en trente ans de métier passés chez Taxis Gitans, c'était bien la première fois qu'un client fraîchement débarqué du terminal 2C de l'aéroport Charles-de-Gaulle lui demandait de le conduire dans un magasin de meubles. Car il n'avait pas souvenir qu'Ikea ait récemment ouvert une chaîne d'hôtels à son nom. Gustave en avait eu des requêtes insolites, mais celle-là décrochait le coquetier. Si ce gars-là venait vraiment d'Inde, alors il avait payé une petite fortune et passé huit heures dans un avion, tout cela dans le seul but de venir acheter des étagères Billy ou un fauteuil Poäng. Chapeau !"


"M. Péricourt comprit immédiatement qu’il s’agissait des dessins de son fils. Des soldats au front. Il sut qu’il ne pourrait pas le feuilleter tout entier, que pour affronter cette réalité et sa culpabilité écrasante, il lui faudrait du temps. Il s’arrêta sur l’image d’un soldat tout équipé, casqué, assis, les jambes écartées, allongées devant lui, les épaules basses, la tête légèrement penchée, dans une position harassée. S’il ne portait pas de moustaches, ce pourrait être Édouard, se dit-il. Avait-il beaucoup vieilli pendant ces années de guerre où il ne l’avait pas vu ? Avait-il lui aussi laissé pousser sa moustache, comme tant de soldats ? Combien de fois lui ai-je écrit ? se demanda-t-il. Tous ces dessins au crayon bleu, c’est donc qu’il n’avait que cela pour dessiner ? Madeleine avait dû lui envoyer des colis, non ? En se souvenant de cela, il se dégoûta, il se souvenait avoir dit : « Pensez à envoyer un colis à mon fils… » à l’une de ses secrétaires, celle qui avait un fils au front, disparu en 1914, en été, M. Péricourt revoyait cette femme de retour à son bureau, transfigurée. Pendant toute la guerre, elle avait envoyé des colis à Édouard comme à son propre fils, elle disait simplement, j’ai préparé un colis, M. Péricourt remerciait, il prenait une feuille, il écrivait : « Bien à toi, mon cher Édouard », puis il hésitait sur la manière de signer, « Papa » aurait été déplacé, « M. Péricourt », ridicule. Il mettait ses initiales.
Il regarda à nouveau ce soldat épuisé, effondré. Il ne saurait jamais réellement ce que son fils avait vécu, devrait se contenter des histoires des autres, celles de son gendre, par exemple, des histoires héroïques là encore, aussi mensongères que la lettre du camarade d’Édouard, il n’aurait plus que cela, des mensonges, d’Édouard, il ne saurait plus jamais rien. Tout était mort. Il referma le carnet et le mit dans la poche intérieure de sa veste.
Madeleine ne l’aurait jamais montré, mais elle avait été surprise par la réaction de son père. Cette visite soudaine au cimetière, ces larmes, si inattendues… Le ravin qui séparait Édouard de son père lui était toujours apparu comme une donnée géologique, établie dès l’origine des temps, comme si les deux hommes avaient été deux continents placés sur des plaques différentes, qui ne pouvaient se rencontrer sans déclencher des raz de marée. Elle avait tout vécu, assisté à tout."

Novembre 1918 

Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu'à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande. 

Il s'en rendait bien compte, son refus de croire à l'approche d'un armistice tenait surtout de la magie: plus on espère la paix, moins on donne de crédit aux nouvelles qui l'annoncent, manière de conjurer le mauvais sort. Sauf que, jour après jour, ces informations arrivèrent par vagues de plus en plus serrées et que, de partout, on se mit à répéter que la guerre allait vraiment prendre fin. On lut même des discours, c'était à peine croyable, sur la nécessité de démobiliser les soldats les plus vieux qui se traînaient sur le front depuis des années. Quand l'armistice devint enfin une perspective raisonnable, l'espoir d'en sortir vivant commença à tarauder les plus pessimistes. En conséquence de quoi, question offensive, plus personne ne fut très chaud. On disait que la 163e DI allait tenter de passer en force de l'autre côté de la Meuse. Quelques-uns parlaient encore d'en découdre avec l'ennemi, mais globalement, vu d'en bas, du côté d'Albert et de ses camarades, depuis la victoire des Alliés dans les Flandres, la libération de Lille, la déroute autrichienne et la capitulation des Turcs, on se sentait beaucoup moins frénétique que les officiers. La réussite de l'offensive italienne, les Anglais à Tournai, les Américains à Châtillon... on voyait qu'on tenait le bon bout. Le gros de l'unité se mit à jouer la montre et on discerna une ligne de partage très nette entre ceux qui, comme Albert, auraient volontiers attendu la fin de la guerre, assis là tranquillement avec le barda, à fumer et à écrire des lettres, et ceux qui grillaient de profiter des derniers jours pour s'étriper encore un peu avec les Boches. 


En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/extrait-au-revoir-la-haut-par-pierre-lemaitre_1273150.html#sMjhg5avcqmc3lRf.99

"Je me suis retrouvé dehors. Devant moi la fameuse Pointe, éperonnant la lagune qui se confondait avec le
ciel. À son extrémité se dressait un gigantesque petit garçon. Nu. De dos. Un petit garçon d'à peu près deux
mètres cinquante de haut. Blanc et lisse, avec cette cambrure de reins particulière qu'ont les jeunes enfants.
Aimanté par la matière de la statue sans socle — ses pieds étaient posés à même les dalles de pierre — et sa
texture sans aucune aspérité qui étincelait dans le soleil,
je me suis approché. L'enfant brandissait une grenouille,
comme s'il venait de la saisir dans l'eau de la lagune.
Une grenouille monstrueuse, à la peau grumeleuse aux antipodes de la lisseur superbe de son corps à lui. Et cette grenouille, ou plutôt ce crapaud, il semblait le brandir à la face de la ville, avec dans ses yeux mi-clos la fierté cruelle des gosses qui se rendent compte de leur
pouvoir. Il avait un petit ventre. Il était beau et désamant. J'avais peine à décrocher mon regard des traits de
son visage résolu, étincelant de toute la volonté conquérante d'un être qui commence à s'ouvrir au monde et à
en mesurer toutes les possibilités.
Les invités se pressaient autour de lui. Il s'appelait Boy With Frog, l'« Enfant à la grenouille », et il était signé d'un
certain Charles Ray. Derrière l'écran des costumes noirs et des robes chatoyantes qui faisaient ressembler les femmes à de beaux oiseaux exotiques à coté de leurs pingouins de maris (et je n'échappais pas à ça), j'ai reconnu la mienne. Elle s'était assise à l'extrême pointe de la
Pointe, ses escarpins posés à côté d'elle, les pieds nus dans le clapotis du Canal. Je me suis approché doucement, me suis accroupi, j'ai posé ma main sur son épaule
"Qu'est-ce qui se passe ? "
Elle ne m'a même pas regardé pour répondre :
-On s'en va?"


"Une femme comme elle, tu vis en permanence avec la peur de la perdre. Tu la vois et tu comprends qu’à tout moment, un homme peut te la prendre, il en a le désir, peut-être même les moyens : charme, humour, fortune personnelle, peu importe, il peut prendre ta place, c’est une question d’heures, de semaines, de mois, la place que tu as conservée par la menace, l’intimidation, le chantage, cette place qui est sans cesse remise en cause car ta versatilité et tes échecs répétés te discréditent, tu es sur un siège éjectable, il te faut charmer/ruser/négocier pour y rester, tu marches en permanence au bord du vide, tu ne te sens jamais en sécurité et même avec elle, dans un lit, tu as peur de ne pas être à la hauteur du cadeau qu’elle te fait en t’offrant son corps, tu te couches inquiet, tu ne dors pas tranquille et tu te réveilles avec l’angoisse au ventre."


"Le lendemain au réveil, beaucoup, assis sur leur lit, constatèrent avec surprise que la nuit les avait convaincus que les événements de la veille étaient inévitables. Et certains y voyaient même le châtiment mérité de l'incrédulité stupide et arrogante des Juifs marsoviens qui semblaient croire appartenir à une espèce différente de Juifs. Croire qu'on ne pouvait pas être massacré méritait qu'on le soit, voilà la loi qu'ils découvraient, le cul sur l'édredon, et trouvaient juste. Certains crachaient même sur leur pantoufle, furieux d'être à cause des Juifs forcés d'assister à toutes ces horreurs."


"La bourse de plumes était le seul bagage qu'il s'était autorisé depuis qu'il avait jeté sa mallette de cuir dans le brasier où brûlaient les corps des hommes, des femmes et des enfants qu'il avait tués. Il s'était juré devant le premier nid qu'il avait observé après sa renaissance, que la connaissance des oiseaux serait la seule science à laquelle il s'adonnerait pour le reste de sa vie. La collecte des contes, le seul passe-temps. Il avait fait serment de ne plus jamais approcher ses mains d'une lancette ou d'une seringue, ni son esprit d'une plaie. Ce savoir blanc dont il s'était fait le passeur et qui avait provoqué tant de mal autour de lui, il l'avait jeté dans les flammes. Avec le désir de domination qui le sous-tendait et dont il ne s'était pas douté avant de décimer un village entier et de voir de ses yeux vivants, les corps gonflés et souffrants de ceux qu'il avait voulu sauver, détruits par ses soins. Des corps qui, la veille, étaient pleins de santé."


"La pire des choses qui puisse arriver à quelqu’un, pire que la mort elle-même ; mais aussi la pire des choses que l’on puisse faire aux autres, c’est de revenir de l’autre côté, celui d’où l’on ne revient pas, ressusciter à contretemps, quand personne ne vous attend plus, alors qu’il est trop tard et que ce n’est plus le moment, que les vivants vous tiennent pour une histoire finie et qu’ils ont continué ou recommencé à vivre sans plus compter sur vous. Il n’est pas de plus grand malheur, pour celui qui revient, que de découvrir qu’il est de trop, que sa présence est indésirable, qu’il perturbe l’univers, qu’il constitue une entrave pour ceux qui lui sont chers et qui ne savent que faire de lui."


"Guillaume Chartier s’était attendu à un meilleur accueil, imaginant un auditeur subjugué, pendu à chaque syllabe. Le voilà assis en face d’un goinfre aux paluches rugueuses qui, l’échine penchée à même l’écuelle, se borne à mastiquer goulûment sa pitance. La tâche que Louis XI lui a confiée demande du doigté. Le moindre impair risque de déclencher une effroyable crise politique, voire un conflit armé. Or le prisonnier qu’il a devant lui n’est pas réputé pour sa docilité. C’est un rebelle. Mais c’est justement sur cet esprit d’insubordination que table l’évêque de Paris.
Alors que Villon happe une belle portion de fromage des montagnes, Chartier extrait un volume de dessous sa cape. La reliure en est grossière, une peau de truie dépourvue de tout ornement. Le titre est manuscrit au dos en caractères gras : ResPublica.
- Le Saint-Siège veut interdire cette publication à tout prix."


Le mot de l'éditeur :

"

Un livre monument qui révèle pour la première fois 800 photos inédites du fonds Excelsior. Créé en 1910, le journal Excelsior se démarque très vite des autres quotidiens en privilégiant la photographie dans le traitement de l’information. Au début de la Grande Guerre, il met sur pied un véritable pool de photoreporters pour couvrir l’actualité. Riche de plus de 20 000 clichés, ce fonds est essentiellement constitué de plaques de verre conservées dans leurs boîtes d’origines. La plupart n’ont jamais été montrés au public.

Jean-Noël Jeanneney et Jeanne Guérout se sont plongés avec passion dans l’exploration de ce fonds inédit, dont ils ont visionné chaque photo pour en sélectionner les meilleures.

De l’été 1914 à la signature du traité de Versailles, cet album d’exception nous immerge dans la France de 1914-1918.

Au rythme des saisons et des années, il restitue ce que fut la vie des Français, dans les tranchées et à l’Arrière."


PREMIER SEMESTRE 2013


Quelques nouveautés parmi bien d'autres à découvrir à la bibliothèque...


QUATRIEME TRIMESTRE 2012



Le Roman de Raspoutine

Vladimir Fedorovski, éditions du Rocher, Janvier 2012

 

 

Redécouvrez celui qu'on appelait "Le Saint Diable" de la Russie avec ce nouveau roman de Fedorovski, auteur également du Roman de Saint Pétersbourg et du Roman du Kremlin...

L'auteur y peint un personnage fascinant, tout autant que les liens étranges qu'il avait tissés avec la famille du Tsar...


QUATRIEME TRIMESTRE 2011


PREMIER TRIMESTRE 2010


Le roman de Marina

Dominique Desanti, Arléa, Octobre 2009

"Née à Moscou en 1892, Marina Tsvetaeva est considérée aujourd'hui comme un des plus grands poètes de langue russe du xxe siècle.
Publiée dès l'adolescence, elle est introduite dans les cercles littéraires les plus en vue, et noue de fortes relations d'amitié avec les grands noms de la littérature russe. Mariée à Serge Efron, un officier " blanc ", elle est contrainte à l'exil (Berlin, Prague, Paris...), où, pendant dix-sept ans, avec sa fille Ariane et son fils " Mour ", elle connaît le succès, mais aussi la misère. Ses amours et ses tumultueuses amitiés amoureuses - de Pasternak à Rilke - ne l'empêcheront pas de rentrer en URSS, où son mari, Serge Efron, qui a changé de camp et embrassé la cause de la révolution, est bientôt arrêté puis condamné, tandis que sa fille Ariane est envoyée au goulag.
En butte permanente aux autorités soviétiques, Marina décide de se donner la mort en août 1941."


Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils

Jacques Expert, Editions Anne Carrière, Janvier 2010

"Quand son fils meurt, renversé par un chauffard qui a pris la fuite, Antonio Rodriguez jure à sa femme qu'il le vengera.
Tandis que l'enquête piétine durant des mois, il en vient à découvrir qui est le meurtrier, un cadre supérieur de sa propre entreprise dont l'attitude lui paraît hautement suspecte. Pourtant, un jour, les gendarmes l'informent qu'ils viennent d'arrêter le coupable. Les preuves sont formelles, l'homme est passé aux aveux. Mais ce n'est pas le même individu. Dans ce roman à quatre voix - Antonio et sa femme, Sylvia, Jean-Pierre, l'assassin, et son épouse, Christine -, se noue un ballet macabre sur le thème de la justice personnelle, au rythme crescendo d'une question qui fera basculer leur destin à tous: qui Antonio Rodriguez tuera-t-il ce soir?"


Le soleil des Scorta

Laurent Gaudé, Actes Sud, Août 2004

"Parce qu'un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre.
A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait v?u de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent " l'argent de New York ", leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie.
Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela - dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements - confie à son contemporain, l'ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer. Roman solaire, profondément humaniste, le nouveau livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur."


Rien d'humain

Marie Ndiaye, Les Solitaires Intempestifs, Avril 2004

 

 

  "Certains mots roulent de ma bouche et ce ne sont pas, dommage, de belles pierres mais des bestioles un peu répugnantes dont la bave tache le devant de mes vêtements, l'intérieur de mon âme.
De quelle façon me suis-je mal conduite pour être punie ainsi ? Comment et envers qui ? Je me suis toujours, toujours bien conduite."


L'enfer de Matignon

Raphaëlle Bacqué, Albin Michel, Septembre 2008

Ce sont eux qui en parlent le mieux.

 

 

"Raphaëlle Bacqué, journaliste au Monde, est l'auteur avec Ariane Chemin du best-seller La Femme fatale.
Elle a dirigé avec le réalisateur Philip Kohly le documentaire L'enfer de Matignon, produit par Bruno Nahon (Zadig Productions).
"


Portrait d'un homme heureux

Erik Orsenna, Fayard, Mai 2008

André le Nôtre, 1613 - 1700

"A Versailles, souvent je tends l'oreille, rêvant de retrouver une amitié, une conversation quotidienne et qui dura trente-cinq ans.
Entre Louis XIV et André Le Nôtre. Le monarque le plus puissant à qui tout doit céder, même le temps. Et l'homme de la terre, le saisonnier, celui qui reste du côté de la nature, même s'il la force comme personne avant lui. "Ensemble ils ont écrit le plus grand livre du monde - mille hectares -, le roman du Soleil incarné. La seule histoire occidentale qui impressionnait Quianlong, l'empereur de Chine, le créateur du jardin de la Transparence parfaite."


Diderot, Le Génie débraillé

Sophie Chauveau, Editions Télémaque, Octobre 2009

Tome 1, Les années bohème

"Les premières années de la vie de Diderot sont un mystère.
Echappant à son père, avec la complicité de sa soeur, il s'est réfugié au coeur du Quartier latin. Entre la Sorbonne et le café Procope, il plonge avec délice dans un tourbillon de sensualité et de débauche amoureuse. On suit avec gourmandise sa trace dans le Paris sous tension du règne de Louis XV. Sa vigueur intellectuelle n'a d'égale que son appétit insatiable pour tous les festins. Gastronome et séducteur exubérant, il navigue entre de violentes passions amoureuses et une vie conjugale aussi tourmentée que touchante.
Malgré ses incartades chroniques et la perte de plusieurs de leurs enfants, sa femme et lui ne se quitteront jamais. Mis au secret à Vincennes, constamment sous le regard inquisiteur des censeurs, Denis Diderot se passionne pour toutes les causes et voue spontanément à ses pairs, d'Alembert, Rousseau, Voltaire, Montesquieu, La Condamine, une admiration sans bornes. Il les entraîne dans l'aventure extraordinaire de l'Encyclopédie qui ne serait jamais allée à son terme sans son infatigable énergie.
Toute sa vie il gardera pour ces compagnons d'exception, une indéfectible amitié... Tous ne partageront pas cette fidélité ! C'est la vie toute entière de Diderot qu'on avait oubliée. Sophie Chauveau le ressuscite dans un roman enflammé. Le voyage est palpitant, le personnage furieusement sympathique. La dimension de ses écrits est spectaculairement moderne et ses idées nous parlent aujourd'hui plus que jamais ! H est urgent de se laisser emporter par le " génie débraillé ".
Après le succès de sa trilogie du "Siècle de Florence" et ses portraits brillants de Lippi, Botticelli et Vinci, Sophie Chauveau se penche aujourd'hui avec la même érudition et la même verve enthousiaste sur le siècle des Lumières et l'épopée des Encyclopédistes. Le texte le plus célèbre de Diderot, Le Neveu de Rameau, est à nouveau adapté à la rentrée 2009 sur la scène du théâtre Le Ranelagh à Paris.
Cette pièce est offerte dans la présente édition."


Le boulevard périphérique

Henry Bauchau, Actes Sud, Décembre 2007

"Paris, 1980.
Alors qu'il " accompagne " sa belle-fille dans sa lutte contre un cancer, le narrateur se souvient de Stéphane, son ami de jeunesse. Au début de la guerre, cet homme l'a initié à l'escalade et au dépassement de la peur, avant d'entrer dans la Résistance puis, capturé par un officier nazi - le colonel Shadow -, de mourir dans des circonstances jamais vraiment élucidées. Mais Shadow, à la fin de la guerre, s'est fait connaître du narrateur.
Son intangible présence demeure en lui, elle laisse affleurer les instants ultimes, la mort courageuse - héroïque, peut-être - de Stéphane. Et la réalité contemporaine (l'hôpital, les soignés et les soignants, les visites, l'anxiété des proches, les minuscules désastres de la vie ordinaire, tout ce que représentent les quotidiens trajets sur le boulevard périphérique) reçoit de ce passé un écho d'incertitude et pourtant d'espérance...
L'ombre portée de la mort en soi, telle est sans doute l'énigme dont Henry Bauchau interroge les manifestations conscientes et inconscientes, dans ce captivant roman qui semble défier les lois de la pesanteur littéraire et affirmer, jusqu'à sa plus ultime mise à nu, l'amour de la vie mystérieusement éveillée à sa condition mortelle."


L'échappée belle

Anna Gavalda, Le Dilettante, Novembre 2009

"Simon, Garance et Lola, trois frères et soeurs devenus grands (vieux ?), s'enfuient d'un mariage de famille qui s'annonce particulièrement éprouvant pour aller rejoindre Vincent, le petit dernier, devenu guide saisonnier d'un château pendu au fin fond de la campagne tourangelle.
Oubliant pour quelques heures marmaille, conjoint, divorce, soucis et mondanités, ils vont s'offrir une dernière vraie belle journée d'enfance volée à leur vie d'adultes. Légère, tendre, drôle, L'Echappée balte, cinquième livre d'Ana Gavalda aux éditions Le Dilettante, est un hommage aux fratries heureuses, aux belles-soeurs pénibles, à Dario Moreno, aux petits vins de Loire et à la boulangerie Pidoune."


On a de la chance de vivre aujourd'hui

Kate Atkinson, Editions de Fallois, Novembre 2009

"On a de la chance de vivre aujourd'hui est le second recueil de nouvelles de Kate Atkinson.
D'un mini-thriller à l'humour grinçant et plein de fantaisie (Affaires de c?ur) à Dieu qui décide de revoir sa copie après ce que l'homme a réussi à faire de sa création (Genèse) en passant par une vision glaçante de ce que donnerait l'application de la charia en Écosse (La Guerre contre les femmes), nous retrouvons la plume ironique et poétique de Kate Atkinson. Jetant sur notre monde un regard tantôt impitoyable (analyse à l'humour ravageur des fantasmes féminins dans Je ne suis pas une Joan) , tantôt émerveillé (Le Jour de Lucy), elle nous plonge dans un univers où les choses ne sont jamais tout à fait ce que l'on croit (On a de la chance de vivre aujourd'hui et La Lumière du Monde) avant de conclure sur une version très contemporaine d'un célèbre opéra."


L'ombre de ce que nous avons été

Luis Sepulveda, Metailié, Janvier 2010

"Dans un vieil entrepôt d'un quartier populaire de Santiago, trois sexagénaires attendent avec impatience l'arrivée d'un homme, le Spécialiste.
Il a convoqué ces trois anciens militants de gauche, de retour d'exil trente-cinq ans après le coup d'Etat de Pinochet, pour participer à une action révolutionnaire. Un tourne-disque jeté par une fenêtre au cours d'une dispute conjugale va tout remettre en question, jusqu'au moment où ressurgit dans la mémoire des complices l'expression favorite du Spécialiste : "On tente le coup ?" L'auteur nous propose les portraits cocasses et attachants de trois héros cassés par l'Histoire récente et l'exil, mais qui n'ont perdu ni leur humour ni leur capacité de croire aux rêves.
Ce roman est un exercice de virtuosité littéraire au service d'une histoire émouvante et sombre jouée par des perdants. Un roman écrit avec le coeur et l'estomac pour toucher et faire rire et penser."


Les vignerons de Chantegrêle

Jean-Paul Malaval, Presses de la Cité, Octobre 2000

"Au XIXe siècle, le bas pays corrézien compte seize mille hectares de vignes.
Le comte Firmin de Jandelles règne en maître absolu sur Chantegrêle. Les familles Madelbos et Pierrebrune se haïssent, et l'avènement de Napoléon III réveille les hostilités entre les deux clans du village, les bonapartistes et les républicains. Mais, alors que l'Empire s'achemine vers son déclin, l'amour d'Alain Madelbos et Albine Pierrebrune va, après bien des drames, sceller l'alliance et la réconciliation de tous les habitants du village.
Le comte, ruiné par l'arrivée d'un insecte dévastateur, le phylloxera, assiste impuissant au triomphe des idéaux républicains et, avec eux, une nouvelle race e propriétaires terriens émerge."


Trompe-l'oeil

Patricia Cornwell, Editions des Deux Terres, Octobre 2009

"L'inspecteur Win Garano se voit confier une affaire bien déroutante : enquêter sur la mort, quarante-cinq ans plus tôt, d'une jeune Britannique - victime, dit-on, de l'Étrangleur de Boston.
Tandis que Garano déterre des secrets profondément enfouis, Monique Lamont, son chef, prend des risques mettant leurs vies en danger. Garano la soupçonne de poursuivre un objectif secret. Plus il avance dans sa mission, plus il a le sentiment de s'aventurer dans une galerie de miroirs déformants : où qu'il pose le regard, il doute de la réalité. " Le mensonge règne ", lui rappelle sa grand-mère. Mais il peut aussi tuer..."


Chaque pas doit être un but

Jacques Chirac, Nil, Novembre 2009

Mémoires, Tome 1

"Jacques Chirac ne parle pas facilement de lui-même.
Pudique et secret, il se raconte ici pour la première fois. Dans un style vivant et direct, non dénué d'humour, il évoque ses origines familiales, sa jeunesse aventureuse et ses débuts en politique, depuis son élection en 1967 comme député de Corrèze, qui lui a permis de s'imposer très vite dans un milieu pour lequel il ne se sentait pas prédestiné. Ce volume couvre les soixante-trois premières années de sa vie, jusqu'à son élection à la présidence de la République en 1995.
On y voit naître et se former un homme politique hors normes et s'élaborer sa réflexion profondément marquée par les valeurs conjointes du radicalisme et du gaullisme. Jacques Chirac revient sur ses relations privilégiées avec Georges Pompidou, ses rapports conflictuels avec Valéry Giscard d'Estaing, sa cohabitation à la fois orageuse et complice avec François Mitterrand, son affrontement avec Edouard Balladur.
Il lève le voile sur les années de solitude qui, nonobstant les trahisons, l'ont conduit en 1995 à la tête de l'Etat. C'est avec la même franchise qu'il révèle ses échanges avec divers chefs d'Etat étrangers. Jacques Chirac consacre aussi une large place dans ce livre à ses souvenirs personnels, brossant un portrait intime et émouvant de ses parents, de son épouse Bernadette et de ses filles Laurence et Claude.
Il nous fait entrer dans son " jardin secret " en expliquant les raisons de son goût pour l'Asie et les arts premiers, qui a largement fondé sa vision humaniste du monde et de l'Histoire."

(4ème de couverture)


Mémoire

de Catherine Clément, Stock, Janvier 2009

"Tout le monde croit connaître Catherine Clément.
Chacun est capable d'évoquer à son sujet sa passion pour l'Inde, ses romans philosophiques, ses années d'enseignement et de journaliste, ses missions aux affaires étrangères qui l'ont menée, avec son compagnon ambassadeur, aussi bien à Vienne et à Delhi qu'à la découverte de l'Afrique, sa fréquentation des sphères de la psychanalyse, mais cet inventaire paraît déjà aussi désordonné qu'incertain, aussi sommaire que réducteur.
En vérité, personne ne connaît Catherine Clément. Voilà ce qui apparaît d'emblée à la lecture de ses mémoires. A travers ses rares récits autobiographiques (dont Cherche Midi, Stock, 2000), ses lecteurs ont approché son enfance de petite fille juive française, mais jamais Catherine Clément avant la publication de ce livre n'aura dévoilé tant de secrets, de souvenirs enfouis, de mystères jamais élucidés.
De sa complicité fraternelle aux amitiés éternelles, on la découvre jeune enseignante, engagée au parti communiste ou proche de certains politiques, parmi lesquels deux présidents, Jacques Chirac et François Mitterrand. On lira avec une émotion très particulière les portraits qu'elle trace de ses grands maîtres, Jankélévitch, Lacan, Lévi-Strauss ou ceux de personnages tels que Roland Barthes ou Jean-Paul Sartre.
Au final, on n'obtiendrait que le parcours hors norme d'une intellectuelle si ce livre de mémoires d'une femme de soixante-dix ans n'était pas avant tout par son écriture, sa liberté, ses incorrections, ses indiscrétions, son humour, sa tendresse et son absence totale de complaisance, la vie même."

(4ème de couverture)


La légende de nos pères

de Sorj Chalandon, Grasset, Août 2009

"A mon frère, il a parlé du convoi du 27 avril 1944. Des six chiffres tatoués sur son avant-bras gauche. Il a raconté son retour, seul. Les drapeaux fanés qui l'avaient assailli. Son réseau sans honneurs, sans hommages, sans rien. La guerre redevenue paix, les prisonniers errants, les soldats jetés aux civils par milliers. Les douleurs qui glacent, les bravoures qui ennuient, les désarrois qui agacent aussi. Son retour de camp, c'était cela. Des résistants en trop, des déportés en plus, une humanité barbelée dont on n'a su que faire." (p.17)


Mauvaise fille

de Justine Lévy, Stock, Septembre 2009

"Je viens voir maman tous les jours.J'arrive en sautillant, en pensant à autre chose, le ventre déjà un peu tendu par mon enfant à venir, c'est magnifique me disent les gens, la vie continue, elle poursuit son programme sacré, cette chaîne magnifique des morts et des vivants, la mère, la fille, sa fille, vous savez ce qui arrive à Louise ? Vous pouvez croire à cette coïncidence ? Vous vous rendez compte ? La vérité c'est que je n'en peux plus. Je déteste ce pathos. Je me sens accablée, écrasée, sous le poids de leurs commentaires débiles." (p.53)


QUATRIEME TRIMESTRE 2009


Je veux le prince charmant

d'Hélène Bruller, Vent des savanes, 2004


L'hirondelle avant l'orage - Le poète et le dictateur

de Robert Littell, Baker Street, 2009

"Pasternak et Mandelstam étaient deux de mes meilleurs amis au monde - le temps précieux que nous passions ensemble nous offrait à tous trois une bouffée d'air pur dans ce pays confiné et étouffant qui était le nôtre. Chacune de nos rencontres était d'autant plus intense qu'elle pouvait fort bien être la dernière ; qui sait si nous survivrions jusqu'à la prochaine ? Le fait qu'ils soient des poètes merveilleusement talentueux renforçait encore le lien entre nous dans la mesure où nous partagions une langue commune, une façon de communiquer en messages codés bien cachés sous et entre les mots. Je les admirais énormément tous les deux. Ils n'étaient pas assez sûrs d'eux-mêmes pour être devenus ennuyeux."

(Chapitre 4)

 


Apprendre à vivre

Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations

de Luc Ferry, Plon, 2006

"Nous avons vu comment la philosophie ancienne, pour l'essentiel, fondait la doctrine du salut sur la considération du cosmos. Aux yeux d'un élève des écoles stoïciennes, il devait aller de soi que pour être sauvé, pour vaincre la peur de la mort, il fallait, premièrement, s'efforcer de comprendre l'ordre cosmique, deuxièmement, tout faire pour l'imiter, troisièmement, se fondre en lui, y trouver sa place et parvenir ainsi à une forme d'éternité.
Nous avons également analysé ensemble la façon dont la doctrine chrétienne avait pris le dessus sur la philosophie grecque et comment, pour gagner son salut, un chrétien devait, d'abord, entrer en contact avec le Verbe incarné dans l'humilité de la foi, ensuite observer ses commandements sur le plan éthique et enfin, pratiquer l'amour en Dieu en même temps que l'amour de Dieu afin que lui et ses proches puissent entrer dans le royaume de la vie éternelle."

(Chapitre 4)


Hors champ

de Sylvie Germain, Albin Michel, 2009

"En une semaine, Aurélien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors champ, perdant jusqu'à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s'opère au grand jour, dans l'agitation de la ville, à l'aune de tous ces naufragés qu'on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne."

                                                         (Quatrième de couverture)